Sur le front russe, un aristocrate allemand est prêt à tout pour obtenir la croix de fer. Tout sauf y laisser la vie. Cette conception du métier de soldat se heurte à celle d'un vieux baroudeur placé sous ses ordres...
L'avis du cinéphile : Quelque-part sur le front de l'est, probablement durant automne 1943 (si l'on en juge par les quelques détails donnés ici et là). C'est tout ce qu'il y a à savoir du contexte scénaristique de ce qui restera sans doute le plus grand film de toute la carrière de Sam Peckinpah, à égalité avec le sublime Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia. Le réalisateur de La horde sauvage, Les chiens de paille, Guet-Apens... explore ici le plus à fond possible toute la nature des réactions humaines qu'il dépeint la plupart du temps tout au long de ses films. Croix de fer restera également le film de guerre ultime, celui où rien n'est intellectualisé, car tout n'est qu'émotion, pulsion, dégoût, gerbe, mort, carnage et barbarie. Graphiquement très organique et intense, Croix de fer est un film à la fois extraordinairement efficace et continuellement expérimental. Peckinpah tente tout et n'importe quoi, mais toujours avec une grande réussite, d'autant qu'il maitrise à la perfection l'art de la montée en puissance.
En ces lieux, chaque scène intervient pour éclipser l'horreur de la précédente par un déluge de cruauté et de férocité dont le cynisme avale toute humanité sur son passage. Jusqu'à l'orgie de gore, jusqu'au chaos absolu, jusqu'à la folie des personnages... La réalisation est incroyable, l'atmosphère dépressive au plus au point, les situations à la fois furieuses et ultra-réalistes. Sans oublier cette dilatation du temps dont Peckinpah possède l'indiscutable secret : mélange et alternance de ralentis hautement maitrisés (une science difficile que celle du ralenti) et de plans rapides au timing serré, le tout orchestré par un montage surdécoupé qui provoque une palette d'émotions très nombreuses. La distribution est royale du premier au dernier des acteurs, avec quelques grands noms qui apportent leur présence légendaire : Maximilian Schell (dont c'est un euphémisme de préciser le talent), James Mason (toujours aussi exceptionnel), David Warner (ici assez sobre), et ou encore bien sûr la star du film, le mythique James Coburn... Une chose est certaine, Croix de fer est un immense chef-d'oeuvre, d'une puissance hors du commun et d'une radicalité typique de son époque (les années 1970), et qui ne laissera personne indifférent. Personne.
"-Je vous montrerai comment se bat un prussien.
-Et je vous montrerai où poussent les croix de fer..."
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