Deux hommes – l’un des deux, âgé et rabougri, l’autre, jeune et au visage enfantin – sont assis dans la lumière bleue de l’aube.
L’un assemble des explosifs, l’autre raccommode le revers d’une veste. Des coupures de courant ralentissent le travail des hommes. Tel un père qui aiderait son enfant, le vieil homme déplace une lampe à gaz de façon poignante pour que le jeune homme puisse voir plus clair.
Akram Zaatari éveille l’émotion tout en démantelant les stéréotypes de la résistance, de la terreur et de la violence.
Réalisé pour l'exposition "Les Inquiets," Centre Georges Pompidou
Le réalisateur, Akram ZAATARI nous parle de son film :
"Ce travail a peu à peu pris forme alors que je travaillais alors à un documentaire que je n’ai d’ailleurs jamais fini sur la complexe situation des fermes de Shebaa à la frontière libanaise et sur les hauteurs du Golan. J’ai fini par décider de filmer les deux personnes avec qui je travaillais alors, au cœur d’un moment de silence et d’anxiété, en tentant de développer la tension entre le plus âgé, plus détendu, et le plus jeune."
"This work took shape while I was working on a documentary that I never finished on the complexity of the situation in the Shebaa farms on the border between Lebanon and the Golan heights. I ended up filming the two people I was working with in a moment of silence and anxiety, working out the tension between an older, more relaxed, and a younger one."
Une des œuvres les plus récentes de Zaatari, dans laquelle nous notons un style un peu différent et qui rappelle la vidéo de « Letter to Samir ».
Dans "Nature morte" la construction du scénario auquel les personnages de la vie réelle répondent, donne naissance à une œuvre à temps réel, très abouties de part son découpage tel que mentionné plus haut dans cette analyse. « Nature Morte » est un portrait intimiste de la tâche de deux hommes entrain de fabriquer une bombe.
Aucun des deux ne parle, pas un regard échangé, jusqu'au face à face où, l'ex-combattant est poussé à reprendre le chemin de la montagne et de la guérilla. Une mise en scène experte et subtile, une rare force de conviction font passer ici cent fois plus d'émotion et de sens que tous les discours réunis.
Les plans fixes de longues durées et le découpage plus rythmé de la fin tiennent le spectateur en haleine. Beaucoup de rapprochements peuvent être faits entre « Nature morte » et « Letter to Samir », dans la nature du cadrage et des plans, dans le temps réel des gestes et dans la fin où l’ « action » a réellement lieu.
Léa Bendaly
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