Alain Sarde, né le 28 mars 1952 à Boulogne-Billancourt, est un producteur français de cinéma et de télévision parmi les plus prolifiques depuis les années 1970. Il a notamment produit des films d’Andrzej Zulawski, Roman Polanski, Bertrand Tavernier, Diane Kurys ou Anne Fontaine.
Dans les années 1990, il est accusé d'agressions sexuelles et de viols sur plusieurs femmes et impliqué dans l'Affaire Brumark-Bourgeois. En mai 2024, neuf femmes témoignent contre lui de ces agissements.
Biographie
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Famille
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Fils de l'antiquaire Henri Sarde et de la mezzo-soprano Andrée Gabriel (Sâada) de l'Opéra de Paris[1], Alain Sarde est le frère du compositeur Philippe Sarde.
Carrière de producteur
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Il débute en tant que producteur en 1974 avec Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri[2]. Il crée sa première société de production, Sara Films, en 1975, et produit dans la foulée Le Locataire de Roman Polanski, Barocco d'André Téchiné, Une histoire simple de Claude Sautet et Des enfants gâtés de Bertrand Tavernier.
Aux côtés de sa collaboratrice Christine Gozlan, il a été le producteur de plus de 200 films avec nombre de metteurs en scène tels que Jean-Luc Godard (dont il produit tous les films depuis 1979), Jacques Doillon, Nicole Garcia, Coline Serreau, Alain Corneau, Philippe Garrel, Xavier Beauvois, Arthur Joffé, Arnaud Desplechin, etc.
Ses dernières productions sont le fruit de collaborations avec Amos Kollek, Mike Leigh, Emir Kusturica et David Lynch.
Fondateur de la structure Sarde Films en 1983, il s'associe à Canal+ en 1990 et fonde Les Films Alain Sarde qu'il revend à StudioCanal en 2004. Les Films Alain Sarde administrent notamment la société Ciné Valse, qui a produit bon nombre des films de Bertrand Blier dans les années 1990[3]. Il est désormais producteur indépendant.
Commentaire
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« Alain Sarde est sans aucun doute le producteur français le plus prolifique, mais également le plus discret ou le plus secret. Près de deux cents films à son actif en moins de quarante ans de carrière », écrit le critique de cinéma Serge Toubiana en 2009, à l'occasion d'une rétrospective de ses films à la Cinémathèque française[4].
Accusations d'agressions sexuelles
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1997-1999
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Alain Sarde est visé en 1997 par une enquête pour agression sexuelle[5]. L'instruction réalisée par le juge d'instruction Frédéric Nguyen montre que le producteur a eu plusieurs relations sexuelles non tarifées avec des aspirantes actrices qui venaient le voir pour des raisons professionnelles. L'une d'elle décrit un « casting » dans lequel le producteur, après avoir décrit le film, lui demande de se déshabiller pour « qu'il vérifie la beauté de [son] corps » puis « d'aller [s']allonger sur le lit dans la chambre à coucher [...] il voulait faire l'amour avec [elle][6]. »
Il est mis en examen et écroué en préventive durant l'instruction[5]. Faute de preuve matérielle de contrainte durant les rapports sexuels, la nouvelle juge d'instruction ne retient pas la qualification de viol et rend une ordonnance de non lieu à l'encontre du producteur en 1999[7]. Jean-Pierre Bourgeois, responsable d'un réseau international de prostitution, qui a présenté les actrices au producteur, est condamné à 5 ans de prison.
2024
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En mai 2024, dans le magazine Elle, neuf femmes accusent Alain Sarde de viols et d’agressions sexuelles[8]. Les faits, qui n'ont fait l'objet d'aucune plainte, se seraient déroulés entre 1983 et 2003[9]. Trois actrices témoignent à visage découvert : Laurence Cordier, Anne-Lise Hesme et Laurence Côte[10].
Pour plusieurs médias, ces témoignages s'inscrivent dans le cadre de la libération de la parole sur les violences sexuelles et sexistes dans le cinéma français[11] et du mouvement #MeeToo[2],[10].
Filmographie partielle
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Notes et références
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- ↑ Fiche BNF, en ligne.
- ↑ a et b « #MeToo dans le cinéma : qui est Alain Sarde, le producteur accusé par neuf femmes de viols et d’agressions sexuelles ? », 14 mai 2024 (consulté le 22 mai 2024).
- ↑ « Ciné Valse », sur unifrance.org (consulté le 8 février 2017).
- ↑ Serge Toubiana, « Rétrospective Alain Sarde - La Cinémathèque française »
, sur Cinémathèque française, 2009 (consulté le 13 mai 2024).
- ↑ a et b « Le producteur de cinéma Alain Sarde est écroué pour viol », Le Monde.fr, 12 juillet 1997 (lire en ligne, consulté le 19 août 2022).
- ↑ Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon, Ministère de l'Injustice, Éditions Grasset, 2022, 255 p. (ISBN 978-2-246-82751-1, présentation en ligne), p. 22 à 27.
- ↑ Marc Pivois, « Non-lieu pour Sarde et Fibak. Le producteur et le tennisman étaient soupçonnés de viols. », sur Libération (consulté le 19 août 2022).
- ↑ Alexandra Tizio, « Qui est Alain Sarde, le producteur accusé de violences sexuelles par 9 femmes ? »
, sur elle.fr, 13 mai 2024 (consulté le 13 mai 2024).
- ↑ Le HuffPost, « Alain Sarde, le producteur de Polanski, Doillon et Godard, accusé de viols et agressions »
, sur Le HuffPost, 13 mai 2024 (consulté le 13 mai 2024).
- ↑ a et b « MeToo dans le cinéma : le producteur Alain Sarde mis en cause par plusieurs témoignages », 14 mai 2024 (consulté le 22 mai 2024).
- ↑ Valentine Delétoille, « #MeToo : 9 femmes accusent le producteur Alain Sarde de harcèlement, agression sexuelle et viol », sur Madame Figaro, 13 mai 2024 (consulté le 13 mai 2024).
Voir aussi
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Sources
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: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Alain Sarde, présentation du producteur sur le site de la Cinémathèque française

Liens externes
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