Jules Vallès

Jules Vallès

Jules Vallès
Portrait de Jules Vallès par Gustave Courbet,
musée Carnavalet, vers 1861.
Biographie
Naissance
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Le Puy-en-VelayVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 52 ans)
5e arrondissement de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, tombe de Jules Vallès (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jules VallezVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
La Chaussad, Jean La Rue, Jules VallèsVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Lycée Condorcet
Lycée Georges-ClemenceauVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Journaliste, communard, romancier, écrivain, homme politiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Rédacteur à
La Rue, Le Globe, Le Figaro, Le Progrès, Le Cri du peuple, L'Époque, L'Événement, La Liberté, Le Courrier français, Le Nain jaune, La Marseillaise, Le Corsaire, Le NationalVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Jean-Louis Vallez (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Julie Pascal (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Marie-Louise-Julie Vallez (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Idéologie
Libre-penséeVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Franc-maçonnerie ()
Conseil de la Commune
Association internationale des travailleursVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
RéalismeVoir et modifier les données sur Wikidata
Condamnation
Peine de mort ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
Grand prix des Meilleurs romans du XIXe siècle (d) (L'Enfant) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
L'Enfant, Le Bachelier, L'InsurgéVoir et modifier les données sur Wikidata
signature de Jules Vallès
Signature de Vallès dans une demande adressée à Nadar de souscription à la relance de la Rue.
Tombe au Père-Lachaise surmontée du buste de Carlus.
Wikipedia
Jules Vallès
330px-Jules_Vall%C3%A8s_par_Gustave_Courbet.jpg
Portrait de Jules Vallès par Gustave Courbet,
musée Carnavalet, vers 1861.
Biographie
Naissance
11 juin 1832Voir et modifier les données sur Wikidata
Le Puy-en-VelayVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
14 février 1885Voir et modifier les données sur Wikidata (à 52 ans)
5e arrondissement de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, tombe de Jules Vallès (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jules VallezVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
La Chaussad, Jean La Rue, Jules VallèsVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Lycée Condorcet
Lycée Georges-ClemenceauVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Journaliste, communard, romancier, écrivain, homme politiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Rédacteur à
La Rue, Le Globe, Le Figaro, Le Progrès, Le Cri du peuple, L'Époque, L'Événement, La Liberté, Le Courrier français, Le Nain jaune, La Marseillaise, Le Corsaire, Le NationalVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Jean-Louis Vallez (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Julie Pascal (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Marie-Louise-Julie Vallez (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Idéologie
Libre-penséeVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Franc-maçonnerie (1869)
Conseil de la Commune
Association internationale des travailleursVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
RéalismeVoir et modifier les données sur Wikidata
Condamnation
Peine de mort (1872)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
Grand prix des Meilleurs romans du XIXe siècle (d) (L'Enfant) (1952)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
L'Enfant, Le Bachelier, L'InsurgéVoir et modifier les données sur Wikidata
signature de Jules Vallès
Signature de Vallès dans une demande adressée à Nadar de souscription à la relance de la Rue.
250px-P%C3%A8re-Lachaise_-_Division_66_-_Jules_Vall%C3%A8s_01.jpg
Tombe au Père-Lachaise surmontée du buste de Carlus.

Jules Vallès, né Jules Vallez le 11 juin 1832 au Puy-en-Velay et mort le 14 février 1885 à Paris 5e, est un journaliste, écrivain et homme politique d'extrême gauche français.

Fondateur du journal Le Cri du peuple, il fait partie des élus lors de la Commune de Paris en 1871. Condamné à mort, il doit s'exiler à Londres de 1871 à 1880.

Biographie

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Enfance et formation

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250px-Maison_natale_de_Jules_Vall%C3%A8s_-_Le_Puy_en_Velay.JPGMaison natale de Jules Vallès, place de la Platrière, au Puy-en-Velay.

Né le 11 juin 1832[1],[2],[3], Jules Vallès est le troisième enfant de Jean-Louis Vallez et de Julie Pascal, au sein d'une fratrie de sept, dont seuls lui et sa sœur Marie Louise, de trois ans sa cadette, survivront ; il apparaît comme « Louis Jules Valles[4] » à l'état-civil.

Son père, ayant obtenu son baccalauréat en 1826, travaille d'abord comme maître d'école à l'Institut des sourds-muets du Puy, puis, à partir de 1833, comme maître d'études au collège royal du Puy, mais il est congédié quelques années et ne reprend ce travail qu'en 1839. En 1840, il est nommé maître de 7e au collège royal de Saint-Étienne.

En 1839, Jules entre en 8e au collège du Puy, et en 1840, au collège de Saint-Étienne où il reste de la 7e à la 3e.

Son père prépare l'agrégation de grammaire et est admissible en 1845. Il est alors nommé professeur au Collège royal de Nantes. Il est reçu à l'agrégation en 1847. Jules Vallès entre donc au collège de Nantes, de nouveau en 3e, et se trouve en classe de rhétorique en 1847-1848. Il semble, d'après ses ouvrages L'Enfant et Le Bachelier, que ses relations avec ses parents, surtout avec son père, ont été conflictuelles. Jules a des opinions socialistes, à tendance anarchiste, voire proudhonienne. Son père ne partage pas ses idées et, de plus, voudrait garder son emploi de fonctionnaire qu'il pourrait perdre si son fils se montrait trop hostile aux bonapartistes et à Napoléon III.

Jules Vallès a écrit une trilogie romanesque largement autobiographique centrée autour d'un personnage que Vallès nomme Jacques Vingtras. Le premier tome s'appelle L'Enfant ; l'auteur évoque sa jeunesse entre un père professeur abject et une mère fille de paysans violente, période de sa vie qu'il présente comme martyrisée, pauvre (au moins pour la partie consacrée au Puy-en-Velay) et malheureuse[5]. Les tomes suivants sont Le Bachelier et L'Insurgé. L'adéquation n'est pas totale entre la vie, racontée, de Jacques Vingtras et celle, réelle, de Jules Vallès. On peut y remarquer l'absence de faits importants — sa sœur, notamment, internée par leur père, n'y est pas évoquée.

1848 : première expérience révolutionnaire

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À partir de février 1848, Jules Vallès participe activement aux événements révolutionnaires (qui font du « collège royal » un « lycée national »). Le 26 février, il participe à une manifestation républicaine dans le centre-ville et le 27 assiste à la plantation d'un arbre de la liberté sur la place Royale (rebaptisée « place de l'Égalité ») aux côtés de son ami Charles-Louis Chassin.

Début mars, celui-ci fonde le Club républicain de la Jeunesse de Bretagne et Vendée, qui organise une manifestation pour l'abolition de l'esclavage. Le club est cependant surtout consacré à la réflexion et ne se réunit que le jeudi et le dimanche. Fin mars, les dirigeants du club rencontrent le Commissaire de la République, Maunoury ; celui-ci leur explique que la meilleure chose à faire pour un jeune républicain, c'est d'étudier avec assiduité. Vallès estime que c'est une réponse de pion[6].

En recrutant des élèves d'autres établissements de la ville, Jules Vallès réussit à devenir président du club, dans une perspective plus révolutionnaire que celle de Chassin. Il propose un programme radical : suppression du baccalauréat, des examens, « liberté absolue de l'enfance[7] », etc. Le proviseur du lycée réagit à ce moment en informant les parents et en leur demandant d'intervenir auprès de leur enfant. Le journal nantais de droite L'Alliance fait état de cette affaire. Le club perd alors l'accès qu'il avait à un local prêté par les autorités et périclite.

Quelques-uns de ses membres, dont Jules Vallès, se manifestent cependant en juin, au moment de l'insurrection des ouvriers parisiens ; ils envisagent de partir à Paris pour aider les insurgés, mais la mairie n'organise que le départ de gardes nationaux pour les combattre. Le 27 juin, au moment du départ des volontaires (au Port Maillard), Vallès et ses amis viennent manifester leur opposition, ce qui est rapporté dans L'Alliance du lendemain[8]. Tout cela n’empêche pas Jules Vallès d’obtenir le 1er prix d’excellence en 1848, alors qu’il n’avait obtenu que le 2e en 1847[9].

En septembre 1848, surpris dans une auberge des environs de Nantes en compagnie d'une femme mariée, il doit quitter Nantes pour Paris. Il habite au pensionnat Lemeignan (faubourg Saint-Honoré) ; il est élève au lycée Bonaparte, pour redoubler sa classe de rhétorique et préparer le concours général.

Le Bachelier

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Dessin. La tête de Vallès est représentée sur un corps de chien à la queue duquel est attaché une casserole. Derrière, une affiche mentionnant La Rue.Caricature de Jules Vallès par André Gill, couverture de La Lune 11 juillet 1867.

En 1849, Jules Vallès est de retour au lycée de Nantes pour suivre un cours de philosophie. Il échoue au baccalauréat à Rennes en 1850. En octobre de la même année, il retourne à Paris pour préparer l'École normale. Jules Vallès et Charles-Louis Chassin fondent un Comité des Jeunes en 1851 pour lutter contre Louis-Napoléon Bonaparte, dont ils suspectent les intentions ; après le coup d'État du 2 décembre, ils essaient de mobiliser les étudiants parisiens.

Le 31 décembre, il est rappelé à Nantes par son père et interné pour « aliénation mentale » à l'asile de la ville. Fin février 1852, au bout de huit semaines, deux certificats médicaux du même médecin certifient sa guérison : les amis nantais de Jules Vallès avaient menacé de crier au scandale. « Semaines pendant lesquelles j'ai failli devenir fou ! », dira Vallès[10].

En mai 1852, il prépare à nouveau le baccalauréat dans sa famille à Nantes, et l’obtient à Poitiers. Le 7 janvier 1853, il s'inscrit à un cours de droit à Nantes. À la suite du complot de l'Opéra Comique visant à assassiner l'empereur Napoléon III[a], le 5 juillet 1853, il est emprisonné, avec Arthur Ranc, à la Mazas.

En 1855, il devient le secrétaire de Gustave Planche. L’année suivante, il se bat, en duel avec Poupart-Davyl, qui fut un de ses amis, et avec lequel il a cohabité. Poupart-Davyl (Legrand dans Le Bachelier) et lui étaient entrés en conflit, du fait notamment de leurs opinions radicalement différentes, Vallès se montrant anticlérical, alors que Poupart-Davyl était assez catholique[b].

Son père meurt le 18 avril 1857 à Rouen. Il publie son premier livre, non signé, L'Argent, une commande du financier Jules Mirès[12].

Il occupe à la mairie de Vaugirard les fonctions d'expéditionnaire au bureau des naissances de 1860 à 1862[13]:11. Il rencontre par la suite Hector Malot.

En 1861, il publie des articles courts et des chroniques dans différents journaux, notamment dans le Temps et dans le Figaro. Il est alors l'un des premiers journalistes à s’intéresser aux conditions de vie des classes populaires, réalisant par exemple un reportage avec des travailleurs d'une mine de charbon à Saint-Étienne[14].

Après avoir quitté Paris pour Caen, il est employé, à partir de 1862, comme « pion » et maitre répétiteur au collège de Caen, avant d’être destitué après quatre mois. Il y suit les cours de la faculté, mais échoue à la licence de Lettres.

Il rencontre, en 1863, Trébutien, le confident de Barbey d'Aurevilly. En 1864, il publie son grand article : « Les Réfractaires » dans le Figaro. Il travaille depuis comme journaliste pour la rubrique littéraire au Progrès lyonnais. Il envoie certains de ses articles à Paris.

Ayant repris son emploi d’expéditionnaire à la mairie de Vaugirard, en septembre 1863, il tient une conférence sur Honoré de Balzac en 1865 dans la salle du Grand Orient, rue Cadet. À la suite d'un rapport de police à la mairie de Vaugirard, dont le maire voulait lui interdire de prendre la parole en public, Vallès démissionne. Victor Duruy lui fait désormais interdire la salle, mais il continue d'être journaliste et travaille pour L'Époque en avril, puis collabore régulièrement depuis novembre avec le quotidien L'Événement. Il publie cette année son premier livre signé « Vallès » : Les Réfractaires.

Il se rend à Lyon et à Saint-Étienne en 1866 pour visiter sa mère. Il publie son deuxième livre signé « La Rue ». Il écrit des articles pour Le Courrier français et participe très brièvement au journal La Liberté d'Émile de Girardin.

L'année suivante, Vallès fonde son premier journal hebdomadaire, La Rue. Il entame, par la suite, un voyage au Périgord.

L'Insurgé

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250px-Jules_Vall%C3%A8s_-_photo_atelier_Nadar.jpgJules Vallès (photographie atelier Nadar).

En 1868, la Rue cesse de paraître. Condamné à un mois de prison et 500 francs d’amende pour un article sur la police paru dans le quotidien le Globe du 11 février, Jules Vallès est emprisonné à Sainte-Pélagie[13]. Il y fonde le Journal de Sainte-Pélagie. Il publie dans le Figaro, le Courrier du dimanche, l'Art et est de nouveau condamné à deux mois de prison, de décembre à janvier 1869 pour un article sur le coup d’État dans le Courrier de l'Intérieur[13]. L'année suivante, Jules Vallès invente le journal Le Peuple (15 numéros), puis le journal Le Réfractaire (3 numéros).

250px-Le_R%C3%A9fractaire_1869.jpgLe Réfractaire no 3, 12 mai 1869.

En mai de la même année, il est candidat aux élections législatives contre un « républicain », Jules Simon, et un « impérial », Lachaud. Son programme : « J'ai toujours été l'avocat des pauvres, je deviens le candidat du travail, je serai le député de la misère ! La misère ! Tant qu'il y aura un soldat, un bourreau, un prêtre, un gabelou, un rat-de-cave, un sergent de ville cru sur serment, un fonctionnaire irresponsable, un magistrat inamovible ; tant qu'il y aura tout cela à payer, peuple, tu seras misérable ! ». Jules Vallès, accusé de diviser le camp républicain par sa candidature, est battu.

En octobre 1869, il voyage sur le champ de bataille de Waterloo pour le dictionnaire Larousse, mais son article ne sera pas publié. Il écrit des articles dans la Parodie d'André Gill, dans l'hebdomadaire le Corsaire ainsi que deux romans en feuilletons dans le Paris et Le National.

En 1870, Jules Vallès relance son journal La Rue et écrit à La Marseillaise. À la suite de la déclaration de la guerre contre la Prusse, Jules Vallès, « pacifiste », est arrêté. En septembre, la guerre est perdue, avec la prise de Sedan, c'est la chute de l'Empire et la République est proclamée le 4 septembre. Vallès est opposé au « Gouvernement de la Défense nationale ». Il aide à la préparation de la journée révolutionnaire du 31 octobre.

1871 : la Commune de Paris

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250px-Jules-Vall%C3%A8s.jpgJules Vallès vers 1871 par Ernest Appert.

Le 6 janvier, Vallès est l'un des quatre rédacteurs de L'Affiche Rouge, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison du gouvernement du 4 septembre » et pour réclamer « la réquisition générale, le rationnement gratuit, l'attaque en masse ». Elle se termine par : « Place au peuple ! Place à la Commune ! ».

En février, Jules Vallès et son collaborateur Pierre Denis fondent le Cri du Peuple. « La Sociale arrive, entendez-vous ! Elle arrive à pas de géant, apportant non la mort, mais le salut[15] ». Il y tient des propos antisémites[citation nécessaire] dans le même mouvement que Proudhon, Michelet, plus tard exploités par Drumont[16],[5],[17].

Le 26 mars, il est élu à la Commune par 4 403 voix sur 6 467 votants du 15e arrondissement. Durant la Commune, il intervient contre les arbitraires, pour la liberté de la presse. Le Cri du Peuple (83 numéros du 22 février au 23 mai 1871) est, avec Le Père Duchêne, le journal le mieux vendu de cette période. Il a d'abord siégé à la commission de l'enseignement, puis à celle des relations extérieures. Il appartient à la minorité au conseil de la Commune opposée à la dictature d'un comité de Salut public. Durant la Semaine sanglante, deux faux Vallès sont exécutés par méprise[18].

Exil

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Menacé de mort, Vallès fuit Paris vers Lausanne, où il écrit avec Henri Bellenger (d), un grand drame en 12 tableaux : La Commune de Paris, puis vers la Belgique et l'Angleterre.

En 1872, alors que sa mère meurt, il est condamné à la peine de mort par contumace le 14 juillet 1872 par le 6e conseil de guerre. En 1875, Jeanne-Marie, sa fille, meurt à Londres, âgée de 10 mois seulement. Vallès écrit le premier volet du roman Vingtras, il ne paraît, en feuilleton dans le Siècle, qu'en 1878, signé du pseudonyme La Chaussade. De 1875 à 1880 il envoie de nombreux articles (comme « La Rue à Londres ») depuis Londres, qui sont publiés à Paris sous pseudonyme. En 1878, il écrit Vingtras II (le futur Bachelier), qui paraît en feuilleton en 1879, sous le pseudonyme de Jean La Rue. L'année suivante, en 1879, il fait la rencontre, à Bruxelles, de Séverine. Il fait reparaître son journal La Rue, dirigé depuis Londres (5 numéros) ; c'est aussi la première édition de L'Enfant.

Le 13 juillet 1880, avec l'amnistie des Communards, il rentre à Paris[19]. Séverine devient sa disciple et sa collaboratrice au Cri du peuple, dont elle reprend la direction à sa mort. Il publie son roman Les Blouses. En 1881, l'éditeur Georges Charpentier publie L'Enfant et Le Bachelier, signés de Jules Vallès. En 1882 et 1883, il écrit ses grands articles du Tableau de Paris. De 1883 à 1885 : Jules Vallès relance et dirige Le Cri du Peuple.

En 1885, Jules Vallès, épuisé par le diabète dont il était atteint[20], meurt le 14 février, au 77 boulevard Saint-Michel à Paris, en murmurant : « J'ai beaucoup souffert. »

Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (66e division), accompagné par des dizaines de milliers de Parisiens et des survivants de la Commune. Sur sa tombe est inscrite cette épitaphe : « Ce qu’ils appellent mon talent n’est fait que de ma conviction. » D’autres personnes sont enterrées dans sa tombe : René Guebhard, Frédéric de Creus et Laure Bovet.

D'après le journaliste Louis Mesplé, « Les journaux, selon leurs tendances, vont se livrer aux lendemains des obsèques à une guerre des chiffres. Cette guerre des chiffres est, dans les lignes, une guerre de classes. Les journalistes de droite, effrayés, y ajoutent le style haineux de la guerre civile[21]. »

En 2015, selon Jean Birnbaum, directeur du Monde des livres, « Jules Vallès doit être considéré comme l’un des grands écrivains de l’anarchie[22] ». On lui attribue un Dictionnaire d'argot et des principales locutions populaires, avant-propos de Maxime Jourdan, Berg International, 2007, attribution, plausible selon Jean-Claude Caron qui n'apporte aucune preuve[23], qui a souvent été contestée par des spécialistes de Vallès et de l'argot[c].

Hommages

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Le 7 juin 1982, dans le cadre du 150e anniversaire de sa naissance, l'administration des PTT a émis un timbre-poste à son effigie, dessiné par Huguette Sainson.

Un centre culturel du XVe arrondissement, situé sur l'avenue Félix Faure, le Patronage laïque Jules-Vallès, lui rend hommage[25].

Œuvres

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LInsurg%C3%A9.jpgL'insurgé
  • L'Argent, Paris, Ledoyen, 1857
  • Les Réfractaires, Paris, A. Faure, 1865
  • La Rue, Paris, A. Faure, 1866
  • Le Testament d'un blagueur, 1869
  • Les Enfants du Peuple, préf. par Julien Lemer, Paris, La Lanterne, 1879, xxxix-244 p., 19,5 cm
  • Les Blouses, 1881
  • Souvenirs d'un étudiant pauvre, 1884
  • La Rue à Londres, Paris, G. Charpentier, 1884
  • Un gentilhomme, feuilleton-roman de 1869, préface de Roger Bellet ; réédition, Toulouse, Éditions Ombres, coll. « Petite bibliothèque Ombres », 1996
  • Trilogie autobiographique de Jacques Vingtras :
    • L'Enfant, 1879
    • Le Bachelier, 1881
    • L'Insurgé, 1886
  • Le Tableau de Paris, annotation et bibliographie de Maxime Jourdan, Berg International, 2007

Notes et références

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Notes

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  1. Ce complot, qui projetait un attentat pendant un concert à l'Opéra Comique, a été découvert avant sa réalisation. Le nom de Jules Vallès figurait sur la liste des conjurés ; voir notice historique de la préface de L'Enfant de Béatrice Didier; Éd. Folio; 1973.
  2. Une balle a enlevé le lobe de l’oreille de Vallès[11].
  3. Voir Denis Delaplace, L'Argot selon Casciani aux éditions Classiques Garnier 2009, « Ce Dictionnaire d’argot que n’a décidément pas pu écrire Jules Vallès » dans Autour de Vallès, revue de lectures et d’études vallésiennes, no 40 de 2010, et Dictionnaire d'argot et des locutions populaires de Jean La Rue, version raisonnée et commentée, aux éditions Classiques Garnier en 2010AAA[24].

Références

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  1. Schlumberger 1933, p. 364.
  2. Jean Touchard, La gloire de Béranger, vol. 1, Armand Colin, 1968, 1234 p. (ISBN 978-2-7246-8475-9, lire en ligne), « Grandeur et décadence », p. 413
  3. Guillemette Tison, Jules Vallès : L'Enfant : Analyse littéraire de l'œuvre, Hatier, coll. « Profil », 10 mai 2002, 128 p. (ISBN 978-2-218-94800-8, lire en ligne), « Jules Vallès et son temps (1832-1885) »
  4. Erreur d'état-civil confirmée par Guiffan, 2008, p. 475, mais sous la forme « Vallès ».
  5. a et b Bernard Morlino, « Messager des opprimés », sur LExpress.fr, 1er novembre 2000 (consulté le 23 juin 2019)
  6. Souvenirs de Charles-Louis Chassin, 1887, cités dans Guiffan, 2008.
  7. Chassin, cité par Barreau, 1991, p. 181.
  8. Voir Guiffan, 2008, et Barreau, 1991, pour tout ce paragraphe. Il ne s'agit pas d'éléments repris de Jacques Vingtras, où Vallès ne parle pas du tout de son action en 1848 ; en revanche, il en parle dans Souvenirs d'un étudiant pauvre.
  9. Voir Guiffan, 2008, p. 475 : palmarès de Jules Vallès au lycée de Nantes.
  10. La Loire-Atlantique des écrivains : sur les pas des écrivains, Paris, Éditions Alexandrines, 2014, 272 p. (ISBN 978-2-91231-993-7, OCLC 933270335, lire en ligne), p. 119.
  11. Charles de Vaux (préf. Aurélien Scholl), « Duel Louis Davyl-Vallès », dans Les Duels célèbres, É. Rouveyre et G. Blond, 1884, xxxii-181, fig., pl., portr ; in-8º (OCLC 1176984336, lire en ligne sur Gallica), p. 140-3.
  12. Laurent Mauduit, Jacques Le Petit, Paris, Stock, 2005, 355 p., 22 cm (ISBN 978-2-23405-758-6, OCLC 61666469, lire en ligne), p. 61.
  13. a b et c Philippe Bonnefis, « Jules Vallès », Cahiers CISTRE, L’Âge d’homme, no 13,‎ 1982, p. 12 (ISBN 978-2-82512-910-4, lire en ligne, consulté le 17 janvier 2018).
  14. « « Au fond d'une mine » à Saint-Étienne, avec Jules Vallès », sur Retronews - Le site de presse de la BnF, 27 mars 2019 (consulté le 30 mars 2019)
  15. Jules Vallès, « Paris vendu », Le Cri du peuple : journal politique quotidien, Paris, [s.n.], vol. 1, no 1,‎ 22 février 1871, p. 1 (lire en ligne sur Gallica, consulté le 1er janvier 2023).
  16. Bancquart 1975, p. 120-125.
  17. Pierre Michel, « Antisémitisme : thèmes, interprétations », sur mirbeau.asso.fr (consulté le 23 juin 2019)
  18. Jean-Charles Cozic et Daniel Garnier, La Presse à Nantes : les années Mangin, t. 1, Nantes, Atalante, 2008, 350 p., 2 vols. (ISBN 978-2-84172-395-9, OCLC 227153031, lire en ligne), p. 291
  19. Encyclopædia Universalis, « JACQUES VINGTRAS », sur Encyclopædia Universalis (consulté le 9 août 2019)
  20. Jean-Louis Lalanne (préf. Vie de Jules Vallès), Le Bachelier, Paris, Gallimard, coll. « Folio classique », 1974, p. 456.
  21. « 1885 : à l'enterrement de Jules Vallès, les rouges reviennent dans Paris », L'Obs,‎ 19 décembre 2010 (lire en ligne)
  22. Jean Birnbaum, « Jules Vallès, anarchiste à la lettre », Le Monde, Paris,‎ 3 juin 2015 (lire en ligne, consulté le 1er janvier 2023).
  23. Revue d'histoire du XIXe siècle, no 36, 2008/1, p. 187-189.
  24. L'auteur original du dictionnaire est un Jean La Rue inconnu (peut-être Casciani le préfacier, mais rien n'est sûr). Même si ce pseudonyme a été utilisé auparavant par Jules Vallès, la première édition (1894) de cette compilation terne et impersonnelle reprend visiblement des passages d'ouvrages parus après la mort de Jules Vallès (1885). En outre, l'édition de 2007 reproduit une édition Flammarion de la seconde moitié du vingtième siècle qui ajoute elle-même des erreurs à une réédition Flammarion de 1901 comportant de nombreux termes nouveaux ajoutés seize ans après la mort de Jules Vallès.
  25. « Le Patronage Laïque Jules-Vallès », sur paris.fr (consulté le 23 novembre 2023).

Sources primaires

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  • Charles-Louis Chassin, Félicien ou Souvenirs d'un étudiant de 1848, Paris, 1904. Mémoires d'un ami de Jules Vallès.
  • Jean Guiffan, Joël Barreau, et Jean-Louis Liters dir., Le Lycée Clemenceau, 200 ans d'histoire, Nantes, Coiffard, 2008. Fiches biographiques de Louis Vallez page 459, de Jules Vallès page 458, et pages 88 à 92 pour Jules Vallès et la révolution de 1848.
  • Joël Barreau, « Jules Vallès et le mouvement lycéen à Nantes en 1848 », dans Alain Croix dir., Du sentiment de l'histoire dans une ville d'eau Nantes, Thonon-les-Bains, l'Albatros, 1991, 358 p., 24 cm (ISBN 978-2-90852-831-2, OCLC 463444160, lire en ligne), p. 173-85.

Bibliographie

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250px-Jules_Vall%C3%A8s%2C_L%E2%80%99Insurg%C3%A9.jpgJules Vallès, dessin d'Ernest Clair-Guyot, dans L'Insurgé.
  • Céline Léger, Jules Vallès, la fabrique médiatique de l'événement (1857-1870), PUSE, 2021.
  • Eloi Valat, L'Enterrement de Jules Vallès, Bleu-Autour, 2011.
  • Gaston Gille, Jules Vallès (1832-1885). Ses révoltes, sa maîtrise, son prestige, Genève-Paris, Slatkine, 1981 [1941], IX-657 p.
  • Gaston Gille, Sources, bibliographie et iconographie vallésiennes : essai critique, Genève-Paris, Slatkine, 1981 [1941], V-191 p.
  • Roger Bellet, Journalisme et Révolution, 1857-1885, éd. du Lérot, 1987.
  • Max Gallo, Jules Vallès, biographie, Robert Laffont, 1988.
  • Guillemette Tison, La Trilogie de Jacques Vingtras, éd. PUL, 1988.
  • Henri Guillemin, Du courtisan à l'insurgé. Vallès et l'argent, éd. Arléa, 1990.
  • Gaston Cherpillaud, Jules Vallès peintre d'histoire, essai, L'Âge d'Homme, 1991.
  • Pierre Pillu, Lectures de L'Enfant, éd. Klincksieck, 1991.
  • Marie-Hélène Biaute Roques, L'Enfant, Parcours de lecture, éd. Bertrand Lacoste, 1992.
  • Adrien Faure, Jules Vallès et la Haute-Loire, éd. du Roure, 1994 ; nouvelle édition pour le 120e anniversaire de son décès, 2005, (ISBN 2906278564), présentation en ligne.
  • Roger Bellet, Jules Vallès, Paris, Fayard, 1995, 541 p. (ISBN 2-213-02964-4, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Léo Campion, Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas : les Maillons libertaires de la Chaîne d'Union, Éditions Alternative libertaire, 1996, lire en ligne, pdf.
  • Franck Almi, Jacques Vingtras, du double à l'irréel, Septentrion, 1997.
  • Silvia Disegni, Jules Vallès, du journalisme au roman autobiographique, L'Harmattan, 1997.
  • François Marotin, Les Années de formation de Jules Vallès, histoire d'une génération (1845-1867), L'Harmattan, 1997.
  • Daniel Zimmermann, Jules Vallès, l'Irrégulier, biographie, le cherche midi éditeur, 1999.
  • Corinne Saminadayar, commente L'Enfant de Jules Vallès, Foliothèque Gallimard, 2000.
  • Marie-Hélène Biaute Roques, Masques et blasons de Jules Vallès, L'Harmattan, 2002.
  • Maxime Jourdan, Le Cri du Peuple (22 février 1871-23 mai 1871), L'Harmattan, 2005.
  • Hédia Benmansour Balafrej, Jules Vallès artiste : portraits de contemporains, L'Harmattan, 2007.
  • Hichem Chebbi, L’œuvre de Jules Vallès : une écriture de combat, thèse de doctorat, 2007 en ligne.
  • Sarah Al-Matary (dir.), Vallès et les anarchistes, Association des Amis de Jules Vallès, 2016, 191 p. (présentation en ligne).
  • Marie-Claire Bancquart, « Jules Vallès et le peuple », Romantisme, no 9 « Le Peuple »,‎ 1975, p. 116-125 (DOI 10.3406/roman.1975.4989, lire en ligne).
  • Béatrice Schlumberger, « Jules Vallès, un épisode peu connu », Revue d'histoire moderne, Paris, Librairie Félix Alcan, t. 8, no 9,‎ 1933, p. 364-371 (lire en ligne)

Notices biographiques

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  • Jules Clère, Les Hommes de la Commune : Biographie complète de tous ses membres, Paris, Édouard Dentu, 1871, xiv-195, 1 vol. in-18 (OCLC 457798492, lire en ligne sur Gallica), p. 168-173.
    • Jules Clère, Les hommes de la Commune : Biographie complète de tous ses membres, Paris, Libraire-éditeur É. Dentu, 1871, 4e éd. (1re éd. 1871), vi-215, 1 vol. in-18 (lire en ligne sur Gallica), p. 185-191.
  • Paul Delion, Les membres de la Commune et du Comité central, Paris, A. Lemerre éditeur, août 1871, 446 p. (lire en ligne sur Gallica), p. 216-223.
  • Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Coaraze, L'Amourier éditions, coll. « Bio », avril 2021 (1re éd. 1971), 722 p. (ISBN 978-2-36418-060-4, ISSN 2259-6976, présentation en ligne), p. 769-770.
  • « Notice Vallès Jules, Louis », sur maitron.fr, Le Maitron, dictionnaire bibliographique du mouvement ouvrier et du mouvement social, Association Les Amis du Maitron (consulté le 17 août 2021).

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  • « La trilogie : L'enfant, Le bachelier, L'insurgé », sur de Jules Vallès en version audio gratuite [audio]
  • Jules Vallès, l'enfant du Velay photos, biographie, le Velay, ses œuvres…
  • Les amis de Jules Vallès, association, biographie, bibliographie
  • Textes en ligne sur la Bibliothèque électronique de Lisieux
  • L'Enfant, Le Bachelier et L'Insurgé, la trilogie Jacques Vingtras en version audio [audio]
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L'insurgé

Jules Vallès

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368 pages. Temps de lecture estimé 4h36min.
Jules Vallès (1832-1885) "C’est peut-être vrai que je suis un lâche, ainsi que l’ont dit sous l’Odéon les bonnets rouges et les talons noirs. Voilà des semaines que je suis pion, et je ne ressens ni un chagrin ni une douleur ; je ne suis pas irrité et je n’ai point honte. J’avais insulté les fayots de collège ; il paraît que les haricots sont meilleurs dans ce pays-ci, car j’en avale des platées et je lèche et relèche l’assiette. En plein silence de réfectoire, l’autre jour, j’ai crié, comme jadis, chez Richefeu : – Garçon, encore une portion ! Tout le monde s’est retourné, et l’on a ri. J’ai ri aussi – je suis en train de gagner l’insouciance des galériens, le cynisme des prisonniers, de me faire à mon bagne, de noyer mon cœur dans une chopine d’abondance – je vais aimer mon auge ! J’ai eu faim si longtemps ! J’ai si souvent serré mes côtes, pour étouffer cette faim qui grognait et mordait mes entrailles, j’ai tant de fois brossé mon ventre sans faire reluire l’espoir d’un dîner, que je trouve une volupté d’ours couché dans une treille à pommader de sauce chaude mes boyaux secs. C’est presque la joie d’une blessure guérie à chatouiller. Toujours est-il que je n’ai plus le teint verdâtre et l’œil creux ; il traîne souvent de l’œuf dans ma barbe. Je ne la peignais pas autrefois, cette barbe ; mes doigts la fourrageaient et la maltraitaient, lorsque je songeais à mon impuissance et à ma misère." Troisième volet de la trilogie "Jacques Vingtras".
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472 pages. Temps de lecture estimé 5h54min.
Jules Vallès (1832-1885) J’ai de l’éducation. « Vous voilà armé pour la lutte – a fait mon professeur en me disant adieu. – Qui triomphe au collège entre en vainqueur dans la carrière. » Quelle carrière ? Un ancien camarade de mon père, qui passait à Nantes, et est venu lui rendre visite, lui a raconté qu’un de leurs condisciples d’autrefois, un de ceux qui avaient eu tous les prix, avait été trouvé mort, fracassé et sanglant, au fond d’une carrière de pierre, où il s’était jeté après être resté trois jours sans pain. Ce n’est pas dans cette carrière qu’il faut entrer ; je ne pense pas ; il ne faut pas y entrer la tête la première, en tout cas. Entrer dans la carrière veut dire : s’avancer dans le chemin de la vie ; se mettre, comme Hercule, dans le carrefour. Comme Hercule dans le carrefour. Je n’ai pas oublié ma mythologie. Allons ! c’est déjà quelque chose. Pendant qu’on attelait les chevaux, le proviseur est arrivé pour me serrer la main comme à un de ses plus chers alumni. Il a dit alumni. Troublé par l’idée du départ, je n’ai pas compris tout de suite. M. Ribal, le professeur de troisième, m’a poussé le coude. « Alumn-us, alumn-i », m’a-t-il soufflé tout bas en appuyant sur le génitif et en ayant l’air de remettre la boucle de son pantalon. « J’y suis ! Alumnus.... cela veut dire élève, c’est vrai. » Deuxième volet de la trilogie "Jacques Vingtras".
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Jules Vallès

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427 pages. Temps de lecture estimé 5h20min.
Jules Vallès (1832-1885) Ai-je été nourri par ma mère ? Est-ce une paysanne qui m’a donné son lait ? Je n’en sais rien. Quel que soit le sein que j’ai mordu, je ne me rappelle pas une caresse du temps où j’étais tout petit ; je n’ai pas été dorloté, tapoté, baisoté ; j’ai été beaucoup fouetté. Ma mère dit qu’il ne faut pas gâter les enfants, et elle me fouette tous les matins ; quand elle n’a pas le temps le matin, c’est pour midi, rarement plus tard que quatre heures. Mademoiselle Balandreau m’y met du suif. C’est une bonne vieille fille de cinquante ans. Elle demeure au-dessous de nous. D’abord elle était contente : comme elle n’a pas d’horloge, ça lui donnait l’heure. « Vlin ! Vlan ! Zon ! Zon ! – voilà le petit Chose qu’on fouette ; il est temps de faire mon café au lait. » Mais un jour que j’avais levé mon pan, parce que ça me cuisait trop, et que je prenais l’air entre deux portes, elle m’a vu ; mon derrière lui a fait pitié. Elle voulait d’abord le montrer à tout le monde, ameuter les voisins autour ; mais elle a pensé que ce n’était pas le moyen de le sauver, et elle a inventé autre chose. Lorsqu’elle entend ma mère me dire : « Jacques, je vais te fouetter ! – Madame Vingtras, ne vous donnez pas la peine, je vais faire ça pour vous. – Oh ! chère demoiselle, vous êtes trop bonne ! » Mademoiselle Balandreau m’emmène ; mais au lieu de me fouetter, elle frappe dans ses mains ; moi, je crie. Ma mère remercie, le soir, sa remplaçante. Premier volet de la trilogie "Jacques Vingtras". Jacques Vingtras est le fils d'un professeur de collège et d'une paysanne. Ses parents le battent souvent, surtout sa mère, pour son bien. Du Puy à Nantes, en passant par Saint-Etienne, il subit... C'est à Paris, où il a été envoyé (on pourrait dire "exilé") par ses parents, qu'il commence à apprendre ce qu'est la liberté...
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L'Enfant - Le Bachelier - L’Insurgé

Jules Vallès

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  • Romans et nouvelles
  • Youscribe plus
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531 pages. Temps de lecture estimé 6h38min.
Découvrez la fresque épique et intime de l'une des voix les plus engagées de la littérature française. À travers les yeux de Jacques Vingtras, son alter ego littéraire, Jules Vallès – écrivain, journaliste et militant, dont la plume acérée a su incarner la voix des opprimés – nous offre une plongée bouleversante dans les tourments d'une vie marquée par la révolte et l'insoumission. L'Enfant nous emmène dans les entrailles d'une enfance rude, où l'autorité écrasante des adultes étouffe les élans d'un jeune garçon en quête de liberté. Le Bachelier poursuit ce cheminement avec la désillusion d'un adolescent confronté aux absurdités d'un système éducatif répressif, et le besoin irrépressible de fuir un destin tout tracé. Enfin, avec L'Insurgé, Vingtras se dresse contre l'injustice de la société, prêt à prendre les armes pour défendre ses idéaux, en pleine tourmente de la Commune de Paris. Véritable témoignage historique, cette trilogie autobiographique est bien plus qu'une simple fiction : c'est le cri d'un homme qui, à travers ses épreuves personnelles, raconte la lutte de tout un peuple. Vallès y dépeint avec une lucidité tranchante les contradictions d'une époque, offrant un regard incisif sur les injustices sociales et les espoirs révolutionnaires. Son style, à la fois incisif et profondément humain, se distingue par une modernité surprenante : une écriture directe, vibrante de colère et d'empathie, qui brise les conventions pour mieux capturer la réalité brute des émotions et des luttes sociales. Plongez dans cette version intégrale, où l'intime et le collectif s'entrelacent pour dresser le portrait d'une existence hors du commun, et celui d'une France en ébullition.
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