Jacques André BERTRAND

Jacques-André Bertrand

Jacques-André Bertrand
Jacques Vallet, Jacques-André Bertrand et Odile Conseil (de gauche à droite) lors de l'émission Des Papous dans la tête à la Cité des sciences en 2012.
Biographie
Naissance

Annonay (Ardèche)
Décès
(à 75 ans)
Paris 15e
Nom de naissance
Jacques André Louis BertrandVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Drapeau de la France France
Formation
École supérieure de journalisme de LilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Écrivain
Autres informations
A travaillé pour
France CultureVoir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
roman
Distinctions
Liste détaillée
Prix de Flore (Le Pas du loup) ()
Prix Alexandre-Vialatte (Brève histoire des choses (d)) ()
Prix Georges-Brassens (d)
Goncourt des animaux
Prix Paroles de patientsVoir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Le Pas du loup
Wikipedia
Jacques-André Bertrand
330px-Jacques_Vallet_-_Jacques-Andr%C3%A9_Bertrand_-_Odile_Conseil_%28cropped%29.jpg
Jacques Vallet, Jacques-André Bertrand et Odile Conseil (de gauche à droite) lors de l'émission Des Papous dans la tête à la Cité des sciences en 2012.
Biographie
Naissance
29 décembre 1946
Annonay (Ardèche)
Décès
17 avril 2022 (à 75 ans)
Paris 15e
Nom de naissance
Jacques André Louis BertrandVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Drapeau de la France France
Formation
École supérieure de journalisme de LilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Écrivain
Autres informations
A travaillé pour
France CultureVoir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
roman
Distinctions
Liste détaillée
Prix de Flore (Le Pas du loup) (1995)
Prix Alexandre-Vialatte (Brève histoire des choses (d)) (2015)
Prix Georges-Brassens (d)
Goncourt des animaux
Prix Paroles de patientsVoir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Le Pas du loup

Jacques-André Bertrand, né le 29 décembre 1946 à Annonay en Ardèche[1] et mort le 17 avril 2022 à Paris[2],[3], est un écrivain français.

Biographie

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Il a passé son enfance à Anneyron dans la Drôme, où son père Aimé Bertrand est nommé instituteur à l'école des garçons en 1947. Il a d'ailleurs donné son nom à la médiathèque d'Anneyron qui s'appelle "Médiathèque Jacques et Aimé Bertrand".

Après avoir découvert, à l'âge de dix ans et demi, qu'il pouvait toucher et faire rire son entourage en racontant sur un cahier d'écolier l'opération qu'il venait de subir au genou, Jacques André Bertrand décide, explique-t-il, de devenir poète, « nouvelliste, romancier, chroniqueur – écrivain en tout cas ». Il passe son baccalauréat (philosophie), et entre à l'École supérieure de journalisme de Lille. Il devient ensuite journaliste professionnel pendant une douzaine d'années, avant d'écrire et de publier des livres.

Entre autres récompenses littéraires, Jacques André Bertrand a reçu le prix de Flore en 1995 pour son livre Le Pas du loup.

Il est, avec Gérard Mordillat, Henri Cueco, Jacques Jouet, Hervé Le Tellier, Lucas Fournier et d’autres, l'un des « papous » de l’émission de France Culture Des Papous dans la tête, fondée par Bertrand Jérôme et animée par Françoise Treussard.

En 2015, il reçoit le prix Alexandre-Vialatte pour Brève Histoire des choses (Éditions Julliard) et l'ensemble de son œuvre[4].

Œuvres

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  • Tristesse de la Balance et autres signes, Bernard Barrault, 1983 ; réédité chez Julliard en 2001 avec des illustrations de Martin Veyron
  • Chroniques de la vie continue, Bernard Barrault, 1984
  • Soirées dansantes à l'orphelinat, Bernard Barrault, 1985
  • Le Parapluie du Samouraï, Bernard Barrault, 1987
  • Je voudrais parler au directeur, Bernard Barrault, 1990
  • Higelin Higelin, Bernard Barrault, 1991
  • Le Pas du loup, Julliard, 1995
prix de Flore
  • Le sage a dit, Julliard, 1997
  • La Petite Fille qui se souvenait d'avoir parlé avec l'ange, Julliard, 1997
  • L'Infini et des poussières, Julliard, 2000 et 2001
  • Dernier camps de base avant les sommets, Julliard, 2002
prix Grand-Chosier
  • L'Angleterre ferme à cinq heures, Julliard, 2003
  • Rappelez moi votre nom, Julliard, 2004
  • La Course du chevau-léger, Julliard, 2006
  • J'aime pas les autres, Julliard, 2007
prix Georges-Brassens
  • Les Sales Bêtes, Julliard, 2008
prix littéraire 30 millions d'amis 2008
  • Les Autres, c'est rien que des sales types, Julliard, 2009
  • Mariages, Julliard, 2010
  • Les autres, c'est toujours rien que des sales types, Julliard, 2012
  • Commandeur des Incroyables et autres Honorables Correspondants, Julliard, 2012
  • Comment j'ai mangé mon estomac, Julliard, 2014
  • Brève Histoire des choses, Julliard, 2015
prix Alexandre-Vialatte 2015[4]
  • Quelques conseils pour venir au monde, Julliard, 2017
  • Cette chaise est libre ? , Julliard, 2019
  • Chroniques de la vie continue, réédition, Julliard, 2020

Ouvrages collectifs

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  • Les Papous dans la tête, l'anthologie, dir. Bertrand Jérôme et Françoise Treussard, Éditions Gallimard, 2007
  • Le Dictionnaire des Papous dans la tête, dir. Françoise Treussard, Éditions Gallimard, 2007

Notes et références

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  1. « Bertrand, Jacques André », notice d'autorité personne n° FRBNF11891742, catalogue Bn-Opale Plus, Bibliothèque nationale de France, créée le 11 décembre 1983 et modifiée le 16 février 2005.
  2. « Mort de Jacques A. Bertrand, irrésistible auteur de livres maigres et gais », sur L'Obs, 17 avril 2022 (consulté le 18 avril 2022).
  3. Insee, « Extrait de l'acte de décès de Jacques-André Louis Bertrand », sur MatchID
  4. a et b « Le prix Vialatte 2015 attribué à Jacques A. Bertrand », sur www.larep.fr (consulté le 2 avril 2015)

Liens externes

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A consulter en ligne

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Commandeur des Incroyables et autres Honorables Correspondants

Jacques André BERTRAND

28min30

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
38 pages. Temps de lecture estimé 28min.
Puisque, à travers les âges, l'humanité persiste à s'entretuer sur tous les modes – crime, guerre, extermination –, n'est-il pas légitime de s'en plaindre auprès des autorités tutélaires supposées ? Jacques A. Bertrand adresse ce récit à quelques autorités supérieures dont il voudrait attirer l'attention, non sans ironie, sur certaines pratiques déplorables. Savent-ils bien, ces êtres d'exception, que les humains, non contents de s'entretuer (ce qui pourrait paraître suffisant) ont une fâcheuse tendance à s'infliger par-dessus le marché d'abominables souffrances ? Il a des preuves, le narrateur, il connaît des histoires... Qu'il nous raconte au cours d'une balade dans différentes époques, mélancolique et ponctuée d'humour (sans lequel le tragique humain ne serait pas supportable). Trois récits emblématiques ponctuent une série de lettres où l'auteur prend à partie, toujours respectueusement et en toute amitié, ses interlocuteurs imaginaires, esprits et somme de toute vie, symboles de sagesse millénaire. Comment expliquer tant d'horreur ? Au début du siècle dernier, un jeune ouvrier italien est torturé dans un refuge de montagne après le meurtre d'un marchand de bois querelleur. Plus tard, on suit le parcours sanglant d'un exécuteur de basses œuvres à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans une campagne française. Dans le Nouveau Monde, sous prétexte de commerce et de propriété terrienne, colons français, britanniques, puis américains, autochtones hurons et algonquins se massacrent autour des Grands Lacs. Et l'ancien monde n'est pas en reste... Pourtant, d'âge en âge, des personnages remarquables ont traversé les paysages sublimes de cette planète. Ne pourrait-on espérer, " Commandeur des Incroyables et Honorables Correspondants ', que l'espèce humaine découvre enfin la parole ? Les autres, c'est rien que des sales types, Grand prix de l'Humour Noir Les sales bêtes a reçu le prix 30 millions d'amis J'aime pas les autres a reçu le prix Georges Brassens Le Pas du loup a été récompensé par le prix de Flore Derniers Camps de base avant les sommets a reçu le prix Grand Chosier
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Affiche du document Derniers camps de base avant les sommets

Derniers camps de base avant les sommets

Jacques André BERTRAND

48min45

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
65 pages. Temps de lecture estimé 49min.
Une littérature du plaisir... La vie est une randonnée dont les points de départ et d'arrivée sont les mêmes pour tout le monde. Certains la traversent comme on arpente une plaine tranquille et d'autres gravissent des montagnes escarpées. Tous gardent en tête des endroits, des moments, des impressions qui ont marqué les étapes de leur itinéraire. Ce sont ces moments que Jacques A. Bertrand a choisi d'évoquer en réunissant des textes dans un recueil qui pourrait s'intituler: "Fragments d'une autobiographie approximative". Chroniques de son village, souvenirs, rencontres, voyages, autant de textes légers ou graves qui s'organisent autour du regard qu'il pose sur ce cheminement que la vie nous impose.On ne raconte pas les livres de Jacques A. Bertrand. Ils ont la beauté et la grâce du vol des papillons. Au premier abord, ça paraît d'une simplicité enfantine mais dès qu'on observe de plus près on est étonné de l'incroyable complexité de chaque détail. La phrase de Bertrand est d'une rare limpidité: "La biographie n'est pas une vie. C'est l'art d'assassiner les morts." Quoi de plus simple, de plus évident! Et, pourtant, c'est comme le bon armagnac. Une fois qu'on l'a en bouche, les plaisirs collatéraux qu'ils procurent sont innombrables. Et mieux que l'armagnac, Jacques A. Bertrand, en plus, est doté d'une merveilleux humour.
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Rappelez-moi votre nom

Jacques André BERTRAND

1h04min30

  • Biographies
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86 pages. Temps de lecture estimé 1h04min.
"... J'avais sept ans, cet été-là, sur l'île de Groix. Certains après-midi, tandis que allions à pied vers Locmaria ou les Grands Sables, nous croisions un drôle de cortège sur la lande. Un homme en survêtement, entouré à distance par une demi-douzaine de civils en imperméables et chapeaux feutre. Habib Bourguiba, qui deviendrait bientôt grand patron de la Tunisie, était en résidence surveillée. Il ne manquait pas de qualités athlétiques et, parfois, décidait de se lancer sans prévenir dans un mille mètres. Avec un temps de retard, les feutres et les imperméables mastic se lançaient à sa poursuite...C'était très étrange, un peu drôle, vaguement inquiétant.""Au cours d'une carrière (inachevée) d'intermittent de la "Société du spectacle', j'ai rencontré, croisé, aperçu, frôlé, manqué de justesse, parfois même sympathisé avec toutes sortes de gens. Des "soi-disant coiffeurs', des "prétendus notaires', des intellectuels notoires, des inconnus célèbres et, plus rarement, des danseuses étoiles. Il est arrivé que je ne retrouve pas leur nom tout de suite ou que je ne place pas le patronyme adéquat sur un visage familier. Souvent, ils n'ont pas retrouvé le mien, ou ne l'ont pas retenu..." Habib Bourguiba, David Mac Neal, Jean Paulhan, Dalida, Colette Magny, Michel Drucker, Bruno Coquatrix, Georges Chamarrat, Jacques Higelin, Marie et Jean-Louis Trintignant, Louise de Vilmorin, André Malraux, Patrick Besson, Louis Aragon, Antoine Blondin, Dieu, Jean-Claude Brialy, Philippe Delerm, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Jean-Louis Servan-Schreiber, Hector de Galard, Jean Daniel, Jean Amadou, Michel Polac, Rodin, Balzac, Michel Field, Raymond Devos, Pierre Richard, Juliette Gréco, Françoise Fabian, Michel Audiard, Gianni Esposito, Léon Paul Fargue, Jean d'Ormesson, Boris Vian, Charles de Gaulle, Cioran, Claude Levi Strauss, François de Closets, Jean-Paul Sartre, Jean-Luc Godard, Chateaubriand, Jean-Edern Hallier, François Mitterrand, Guy Bedos, Gisèle Halimi, Bertrand Delanoë, Philippe Jaenada, Patrice Delbourg, Jacques Toubon, Jacques Bertin, Julios Beaucarne, Frédéric Lasaygues, Jérôme Garcin, Martin Veyron, Marco Ferreri, Philippe Djian, et tant d'autres... Une telle distribution pour un livre si court? Ça s'appelle le talent!
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Affiche du document Les sales bêtes

Les sales bêtes

Jacques André BERTRAND

40min30

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
54 pages. Temps de lecture estimé 40min.
En suivant pas à pas les savoureux itinéraires, drolatiques et érudits, où vous entraîne Jacques A. Bertrand, vous vous prendrez d'affection pour l'araignée, le pou et le moustique, vous adorerez la chouette, la hyène et le crocodile, vous chercherez la compagnie de l'ours et du serpent, vous caresserez (peut-être) la blatte et le rat. Mais, au final, vous ne manquerez pas de partager l'opinion définitive de l'auteur : la pire des sales bêtes, c'est l'homme ! Depuis J'aime pas les autres, qui lui a valu le prix Georges-Brassens, Jacques A. Bertrand voit son talent enfin reconnu à sa juste mesure ! Auteur pudique et discret, il a su conquérir ses fidèles qui voient en lui un écrivain-culte à la croisée d'Alphonse Allais et de Pierre Desproges. Une fois encore, il se livre à un de ces exercices de haute virtuosité qui lui vaudra, sans aucun doute, l'admiration éperdue d'un nombre de plus en plus important de lecteurs. LA HYÈNE Beaucoup de gens qui ne souffriraient pas que l'on dise du mal de leur chat tiennent la hyène pour une sale bête. La hyène n'est pas plus sale bête qu'une autre. C'est un animal très amusant. En captivité, elle finit par s'habituer, comme tout le monde, et elle meurt de mort naturelle - c'est-à-dire d'ennui, de lassitude et de désespoir, aggravé d'un mauvais rhume. La hyène n'a qu'un seul défaut : elle ricane sans arrêt. Pourtant, elle n'est pas plus sceptique que le tigre, par exemple, ou que le rhinocéros. Elle ricane nerveusement.La hyène se situe dans l'embranchement des vertébrés, dans la classe des mammifères, dans l'ordre des carnivores et, dans le jeu des sept familles, elle représente les hyénidés. Il existe trois sortes de hyènes: la tachetée, la brune et la rayée. Elles portent, dans les ouvrages spécialisés, des noms divertissants : par exemple, la hyène tachetée s'appelle Crocuta crocuta. La hyène a les pattes postérieures plus courtes que les antérieures, ce qui lui donne un air de chien assis et la rend ridicule quand elle court. De loin, on dirait une panthère mal dessinée. La hyène est un animal très humain. Elle est impatiente. Elle court dans tous les sens. Elle attend qu'on lui jette un os. Elle a les oreilles de Gainsbourg. Ou de Gaston Lagaffe. C'est un mammifère comme nous.Il est vrai qu'elle pue le chien mouillé. Et même pire. Parce qu'elle fouille dans les poubelles. Mais la hyène est attendrissante. Elle a toujours faim. On lui a fait une réputation de charognarde. En réalité, elle préfère manger frais. Sans colorants, ni conservateurs, ni vermine. Seulement, elle vit dans des pays où les voies de développement sont mal indiquées. Elle n'a pas encore bien compris le principe de la démocratie et de l'agriculture biologique. Elle mange ce qu'elle trouve. Elle croque facilement un fémur d'éléphant, abandonné par les trafiquants d'ivoire. Elle fait le ménage. Sans elle, la savane, la brousse et les zones semi-désertiques seraient jonchées de fémurs d'éléphant. Si Francis Jammes (l'auteur de " Prière pour aller au paradis avec les ânes ") avait connu la hyène, il aurait sûrement voulu aller au paradis avec elle. En effet, la hyène n'est pas carnivore par méchanceté, mais parce qu'elle a des dents pointues. Si elle avait eu des dents carrées, comme l'âne, elle aurait été herbivore. Mais alors, elle n'aurait pas pu vivre dans les zones semi-désertiques. Tout se tient.Les explorateurs détestent la hyène. Ils préfèrent être réveillés la nuit par un lion, parce que ça fait plus noble. Le lion ne ricane pas, il rugit : il n'a pas l'air de se moquer des explorateurs. (L'explorateur est un mammifère, comme nous.) Or la hyène ne se moque de personne. Elle rigole pour se donner une contenance, comme tout le monde. Pline l'Ancien, le naturaliste antique, rapporte " maintes merveilles " à son sujet et autant de ragots. En apercevant son ombre, les chiens cesseraient d'aboyer. Capable d'imiter la voix humaine, elle appellerait le berger par son nom pour l'inciter à sortir de la bergerie. On prétendait aussi qu'elle pouvait changer de sexe à volonté. Cette capacité lui aurait permis de pouvoir s'accoupler plus facilement dans les zones semi-désertiques avant l'invention des agences matrimoniales. Mais on raconte tellement de choses... Peu d'hommes choisissent la hyène comme totem. Cependant beaucoup lui ressemblent. Ils ont du mal à se hisser sur les tabourets de bar d'où ils vont vitupérer l'époque, en ricanant, en buvant des demis et en grignotant des cacahuètes. Le monde n'est qu'une grande chaîne alimentaire. Il faut protéger la hyène en tant qu'animal utile. Tout en ricanant, elle tient l'Afrique propre. Cependant, tout doit disparaître, comme le prétendent les boutiquiers à la fin des soldes. Un jour, il n'y aura plus de hyènes. La chaîne alimentaire perdra un nouveau maillon. Peut-être même qu'un jour il n'y aura plus d'Africains. On aura l'air malin avec nos planisphères en couleurs. LE CROCODILE La légende veut que le crocodile pleure quand il vient de manger un homme. Et qu'il s'agisse de larmes d'hypocrisie. On ne voit pas pourquoi. Il regrette peut-être sincèrement. Surtout de ne pas l'avoir épluché avant de l'avaler. Les chaussures à clous de certains explorateurs et les appareils photonumériques des touristes ne sont pas forcément faciles à digérer.Selon une autre idée reçue, le crocodile bâillerait d'ennui. La vie lui paraîtrait sans intérêt. Pas du tout. Les savants ? qui l'ont baptisé crocodylus et l'ont si bien classé dans l'ordre des crocodiliens et dans la famille des crocodilidés ? l'ont amplement prouvé par la méthode des températures : si le crocodile demeure si souvent la gueule ouverte, c'est pour rafraîchir son estomac. Le crocodile est ovipare. Il pond délicatement dans le sable chaud, puis il transporte encore plus délicatement les petits crocodiles nouveau-nés entre ses énormes mâchoires. Il les dépose, toujours délicatement, dans l'eau. Il verse une larme. Parce que seulement dix pour cent d'entre eux survivront. Ce monde, et particulièrement celui de la statistique, est infiniment cruel.Le crocodile est un animal très humain. Tennessee Williams se comparait à " un vieux crocodile " (Mémoires d'). Le plus souvent, l'homme adore le crocodile comme il adore le comte Dracula et la fiancée de Frankenstein. Au cinéma. Ou, à la rigueur, dans les fermes de crocodiles. Le crocodile a horreur de cette vieille blague idiote sur la différence entre crocodile et alligator (" C'est caïman la même chose "). Il déteste également la petite fantaisie de Jean Cocteau : " Odile rêve au bord du Nil / Lorsqu'un crocodile surgit... / Le crocodile croque Odile ", dans laquelle le poète prétend de surcroît que Caï ment et qu'Alligue a tort...L'ancêtre commun aux crocodiles, alligator, caïman et gavial ? leur Hugues Capet à eux, en quelque sorte ? est le sarcosuchus imperator dont les os sont très appréciés des paléontologues. Et dont les reconstitutions sommaires font les belles soirées des amateurs de films d'horreur (homo sapiens horribilis). De la taille d'un lézard à ses débuts, le crocodile se nourrit d'escargots et de grenouilles. Au bout de six ans, il mesure deux mètres. Quatre à cinq au bout de quinze ans. Dans la fleur de l'âge, il pèse alors sa demi-tonne et parfois sa tonne entière, il se met au régime mammifères. Le gnou est un de ses mets les plus prisés. Capable de se propulser hors de l'eau à la vitesse d'un claquement de dents, il peut courir à dix-sept kilomètres à l'heure pendant un certain temps, heureusement limité. Pourtant il est court sur pattes et sa queue, qui lui permet de nager si gracieusement " à la godille ", est sur terre un sac à dos un peu encombrant. D'ailleurs, il préfère de loin rester tranquillement à l'affût. Le crocodile est frugal. Il se contente d'une cinquantaine de repas par an. Il finit centenaire, comme Jeanne Caïman. (Cette plaisanterie sans gravité ne manquerait pas de lui déplaire.)Quand il ne finit pas lamentablement sous forme de chaussures, de ceinture ou de sac de luxe. On connaît la mémoire d'éléphant, on méconnaît la patience de crocodile. Il lui arrive de jeûner pendant deux ans. Il se tient immobile, les mâchoires entrouvertes, en attendant qu'un troupeau de gnous décide de traverser la rivière juste à l'endroit où il se trouve. Au bout d'un an il est couvert de mousse. N'importe quel homme, à sa place, ne pourrait s'empêcher d'allumer une cigarette.On peut approcher sans péril le crocodile après s'être assuré qu'il vient de déjeuner. C'est ce qu'avait négligé de faire le docteur Chang, le vétérinaire du zoo de Taïwan. La consultation lui a coûté un bras. Comme ses dents se renouvellent régulièrement, le crocodile du Nil (crocodylus nilotica) n'a pas de frais de dentiste. D'autant moins qu'il use du pluvian ? un petit oiseau d'Égypte qui lui nettoie les gencives tout en se restaurant ? comme d'une brosse à dents. Ce fait était déjà attesté par Pline l'Ancien. Pendant longtemps, le crocodile s'est appelé cocodrille. (Corcodillus, kokodrillos, cocodrillo...) Ce n'est pas lui qui est dyslexique, c'est l'homme ? joyeux drille et drôl' de coco, qui se promène en espadrilles, porte une ceinture en croco, et laisse, dans ses codicilles, plus de dett's que d'éconocrocs...
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Affiche du document Mariages

Mariages

Jacques André BERTRAND

42min45

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
57 pages. Temps de lecture estimé 43min.
Jacques A. Bertrand est un de ces rares écrivains dont le style et l'élégance d'esprit forcent le respect. Auteur-culte et inclassable, il nous enchante une fois encore avec un recueil de textes humoristiques sur les affres du mariage. Pour les esprits curieux et méditatifs, le mariage est un sujet de réflexion inépuisable. Si beaucoup - et de plus en plus nombreux - évitent la forte réalité de la chose, nul n'échappe à la fascination du mot. Fin chroniqueur des mœurs de son temps, Jacques A. Bertrand ne pouvait manquer de s'emparer de ce thème et de l'explorer avec la sagacité, le talent et la fantaisie qui font sa notoriété. Rêve, fête, bonheur durable ou erreur de jeunesse, le mariage est un sujet de préoccupation aux quatre coins de la planète. À travers les dix-sept récits qui composent ce recueil, Jacques A. Bertrand nous entraîne de sa plume légère de New Dheli à Munich, de Rotterdam au mont Himalaya. De mariages d'appoint en mariages mixtes ou blancs, il nous plonge dans la forêt des sentiments et des émotions qui poussent les êtres humains à se rassembler (en général un samedi) autour de deux individus de sexe opposé qui ont pris la décision de vivre l'un contre l'autre jusqu'à ce que mort s'ensuive. Au cœur des histoires drôles, émouvantes ou tragiques qu'il nous conte à sa manière grave et légère se tient, comme dans l'œil du cyclone, l'éternel besoin d'aimer et d'être aimé.
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